Thomas Hauser The Wake of Dust
Rencontres d’Arles 2018
Juillet-Septembre 2018
The Wake of Dust est un projet d’exposition inédit rassemblant
photographie, installation et sculpture, exemplifiant le travail de
Thomas Hauser mené à parti des résurgences d’une mémoire réinventée, en
permanence reconstruite, selon un dispositif archéologique, relevant
tout à la fois d’une dynamique d’enfouissement et de révélation.
Le titre est particulièrement évocateur : il s’agira bien ici d’assister
à un « réveil de la poussière », au sillage de sa mémoire active,
par-delà la disparition. L’artiste proposera une série de plusieurs
photographies grand format, impliquant physiquement le visiteur,
confronté à des visages et à des corps dissimulés, se protégeant d’un
soleil peut-être trop éblouissant, pour ne pas dire impressionnant, au
sens photographique du terme.
Ces stratifications temporelles, sourdes et matiérées, obtenues par
dégradation de l’image tramée, participent d’un processus de
détérioration qui n’est pas sans évoquer l’aura benjaminienne, à la fois
proche et lointaine, ou la poétique mélancolique de W.G. Sebald. Les
grands portraits photographiques — en noir et blanc, spectraux —
encadreront une installation sculpturale au sol, sorte de champ de
ruine, sur lequel murmurent encore des présences fragmentaires, des
blocs de temps recouverts d’une matière souple et volatile, noire comme
le velours, qui n’est autre que de la poudre de toner, utilisée dans les
imprimantes et les photocopieurs, de manière à tracer un sillon noirci
sur la page blanche immaculée. Le processus d’impression de l’image est
donc ici tout à la fois omniprésent dans sa technicité, et rendu
indiscernable dans son usage détourné.
Léa Bismuth
